lundi, avril 18, 2005

Perdue au pays du référendum

Et bien, on pourra dire que ce référendum aura au moins eu le mérite de nous faire cogiter : je n'ai pas connu le vote de la Constitution de la Vème république, en 1967 avec de Gaulle, mais je peux imaginer que cela pouvait y ressembler. Voilà bien longtemps, et même pendant les campagnes électorales des présidentielles, qu'il n'y avait eu un tel débat.
A bien y réfléchir, je pense que nous sommes toute une génération, à moins que ce ne soit la société toute entière, qui soit en train de passer au stade adulte. Avant, faut bien l'avouer, pour la plupart, dont je suis , nous votions pour un homme, un homme de parti, la plupart du temps, parce que c'était lui qui incarnait le mieux l'idée que l'on se faisait de l'avenir. Il y avait des primaires, souvent assez démocratiques qui n'avaient pour seul objet que de simplifier la tache du militant. Les adhérents du parti choisissait pour nous, et c'était plutôt confortable comme situation.
Mais là, premier iatus, les partis se retrouvent avec des lignes de fractures en leur sein même, entre les pro et les anti. Deuxième iatus propre aux socialistes, la ligne de partage ne passe pas entre les libéraux dont Fabius pourrait se revendiquer et les socialistes tendance gauchiste du type Emmanuelli. Et pour cause, ces deux camps antinomiques se retrouvent pour l'occasion sur la même position. Et voilà toute la difficulté de la situation. Voilà en quoi, nous sommes dans une situation totalement nouvelle, et, comme tout ce qui est nouveau, c'est destabilisant.
On a pu faire le procés au début à Fabius d'être un opportuniste, mais finalement ne l'a-t-il pas été à la manière d'un Mitterrand qui comprend à chaque fois que nécessaire où se situe la vérité non pas absolue mais la vérité d'une situation, d'une circonstance. Oui, il est peut-être opportuniste mais en l'occurence cet opportunisme ne sert-il pas les intérêts de la gauche et plus globalement de la France.
Car enfin, peut on voter pour une constitution qui réunit autant de non sur son dos ? Et n'est-ce pas là le noeud de l'affaire ? Je pense de plus en plus que si une Constitution appelle autant de lectures différentes et franchement hyper contradictoires, c'est qu'elle est intrinsèquement mauvaise. Car, la Constitution de la Vème république, avait des opposants et des défenseurs, mais les lignes d'explication étaient claires, son côté présidentialiste... Alors, que là, elle peut être interprétée de dizaine de façon différentes, c'est donc qu'elle n'est pas bonne. Et puis, où a-t-on vue une constitution qui "modélisait" un modèle économique, ce n'est pas son rôle.
Non, je n'ai pas encore choisi !