lundi, juillet 25, 2005

Frites contre chevrons

Je me souviens de l’époque où toute la famille partait en vacances en Espagne, avec une Citroën, mon père étant un inconditionnel de la marque aux chevrons. Faut dire que le jour où il a annoncé à table qu’il voulait une Alfa Roméo, il a bien crû que son dernier jour était arrivé, la horde de femmes qui lui sert de filles et de femme, lui est tombée dessus à bras raccourcis en le traitant en gros de traître à la patrie, voire de frimeur. Et oui, peut être qu’à l’époque mon père voulait faire le cacou à bord d’une rutilante voiture de macho : pour ceux qui le connaissent l’image de Papoum avec Ray Ban et chemise ouverte sur son torse poilu laisse évidemment perplexe ! !
Bon, revenons à nos vacances en Espagne, dans les années 75-80, oui, Franco était à peine refroidi, c’est un peu le déshonneur de la famille, que d’avoir fait fi de nos opinions pour des vacances pas chères au soleil. Mais depuis, nous avons battu notre coulpe, et tout est oublié. Donc, environ tous les deux ans, nous arborions un nouveau véhicule, mon père n’appréciant guère de laisser moisir les voitures au-delà des 100 000 km, donc le turnover des bagnoles était important. Même si nos moyens financiers ne nous permettaient pas d’envisager l’achat d’un autre modèle que l’entrée de gamme, nous avons eu dès leur sortie d’usine et par ordre d’apparition dans l’Auto Journal : Ami 6, Ami 8, Visa, BX, ZX (mais là, j’avais déjà décidé de ne plus partir en vacances avec mes parents, petite rébellion de l’adolescente boutonneuse qui en avait assez de s’humilier sur la plage avec la certitude que le retour serait florissant en pustules).
Inévitablement, dès que nous garions la voiture sur un parking, les espagnols pas encore membres de l’Union Européenne et donc un tantinet sous développés (n’en déplaise à Viriato) s’agglutinaient autour de l’objet qui était rouge (obligatoirement, je n’ai jamais connu une autre couleur à la maison même si ma grand mère pestait contre ce choix, symbole diabolique s’il en est ! ! !). Et là, tel Pagnol arrivant avec ses Bartavelles à la main, mon père faisait l’article de la voiture, fleuron de l’industrie française, fierté familiale. C’était un moment de bonheur, simple.
Mais pourquoi raconter tout cela ? Et bien parce que depuis que nos bagnoles sentent la frite, le même phénomène se produit. Merci Charlemagne de me replonger dans mes ambiances enfantines. Les attroupements ne manquent pas, faut dire que croiser un type qui remplit son réservoir à tout bout de champ à coup de 1 litre d’huile acheté au supermarché du coin, ce n’est pas commun.
Evidement, je ne suis pas dupe, je pense que l’on nous prend au mieux pour des excentriques, au pire pour des fous, certains attendent que le moteur ne finisse échoué sur un bord de route. Mais en attendant, ça roule et ça pollue moins. Charlemagne tente même de me vendre que la voiture est plus nerveuse, la voiture je ne sais pas mais moi, c’est sur.

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

N'en déplaise à ses Seigneuries, nous regardions plutôt les filles , chairs fraîches et abondantes nouvellements arrivées en se prenant pour des nababs. puis, pour faire plaisir aux papoums français, on les faisait parler de leurs bagnolles...Quand au 4 roues carrossé qui sert de baraque à frites à notre cher Carlosmagno, je m'attends toujours à voir derrière lui en remorque un barbecue.mais non, dommage.
Vas y, tu as raison , sus aux taxes et autres félonies.
Viriato

9:53 PM  

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