lundi, juillet 11, 2005

Soldes en vue

Vendredi matin, départ pour Toulouse, enfin départ est un bien grand mot car le Poulet installé dans la voiture harnaché dans son siège auto, moi aux commandes, je m’aperçois que les clefs sont absentes du contact. Nous habitons à la campagne et notre petite résistance au sarkosisme ambiant consiste à laisser les clefs sur le contact, advienne que pourra ! Bon, je respire avec le ventre, point de clefs, ni sur le contact ni sur le tableau de bord. Dans la nuit, Charlemagne a dû avoir une bouffée sécuritaire et le buffet doit être le nouveau réceptacle du-dit sésame. J’explique à Poulet que " Maman va aller chercher les clés ", j’évite de lui dire que son père a viré à droite et croit désormais aux thèses du ministre de l’intérieur. Arrivée devant le buffet, puis après avoir inspecté l’ensemble du rez-de-chaussée, je pense me transformer en mégère lorsque je m’aperçois que les CLES N’Y SONT PAS. L’impensable se produit alors, défiant toutes les lois de l’énervement féminin, j’attrape le téléphone, fait le numéro de Charlemagne, l’interroge sur la non présence des clefs, et lui, doucement comme s’il parlait à une grande malade, ajoute " oui, je les ai dans mon jean, mais tu as le double à l’arrière cuisine ". Oh, un espoir. Non, elles n’y sont pas. Je rappelle donc l’imprudent qui penaud ne peut que se confondre en excuses. Oui, et moi, je fais comment pour aller dépenser l’argent du ménage dans des frivolités toutes féminines.
J’appelle le poisson rouge qui en pareille circonstance est toujours un allié fidèle et compréhensif. Même si partir en voiture avec lui relève de la folie des temps modernes. Mais au diable l’avarice, en ces temps difficiles, je ne vais pas en plus faire la fine bouche. Le poulet est transbahuté dans le nouveau carrosse, déposé à la crèche, et direction le temple de la consommation post-moderne à savoir Toulouse.
Première règle, ne pas commencer une matinée de soldes sans un petit café chez les Chonchons (surnom rapport à la clientèle huppée du lieu), petit salon de thé, du quartier Saint-Etienne. Cette pâtisserie est très bizarre, la clientèle est chic, genre " mon mari est médecin et je ne sais pas quoi faire avec mon caniche de mes très longues journées ", mais les prix dignes d’un troquet de banlieue. Il faut y aller un jour de grande dépression car vous en ressortez immédiatement revigorée, on a du mal à imaginer à quel point certains ont des problèmes existentiels, terribles. Une année, une dame bien mise, comme on dit en pareil cas, expliquait à une autre rombière, le cauchemar qu’elle avait vécu cette " année à Biarritz (à lire comme si vous aviez une purée de pois dans la bouche), nous avons eu une invasion de fourmis géantes autour de la piscine, c’était épouvantable. On a passé l’été à l’intérieur de la maison, c’était l’horreur ". Et dans un T2 au Mirail t’aurais trouvé cela comment ? ? ?
Deuxième règle, faire deux équipes, ce jargon militaire consiste à dire que ni le poisson rouge ni moi-même n’avons envie d’avoir la compagnie de l’autre dans nos dérives mercantiles, donc nous nous séparons, le petit déjeuner ingurgité pour ne nous retrouver que le temps du repas venu. Cela donne des situations concasses, au coin d’un rayonnage, nous nous retrouvons au hasard de nos pérégrinations. Un petit coucou et nous repartons seuls et fiers vers d’autres aventures.
Et des aventures j’en eus. Tout d’abord, j’ai décelé dans la première boutique où j’ai mis un pied, un superbe sac qui vraiment avait tout pour me plaire. Mais, connaissant mon caractère en même temps indécis et sujet aux coups de tête, une ambiguïté qui me caractérise, je ne pouvais me résoudre à l’acheter tout de go, ayant peur de regretter l’achat si une autre occasion se présentait à moi. Et bien évidemment, je regrettais tout le reste de la matinée ce non-achat, et finit par refaire tout le chemin en sens inverse pour aller chercher l’objet de mon désir soudain. Et s’en fallut de peu de tomber dans les affres du calimero des soldes, tant il ne restait qu’un exemplaire. Je suis passée bien près de cette catastrophe que j’attire si souvent " si j’avais su ". Et oui, ma vieille mais tu as beau avoir regretté des dizaines d’achats manqués, cela ne t’as jamais vaccinée.
J’ai eu droit au marchand de chaussures odieux. Du moment que j’étais une carte bleue potentiellement en action, le type était adorable, sympathique, prévenant. Je lui ai fait déballer deux paires, franchement, je pense que l’on peut faire pire dans la vie d’une femme. Et après la question " alors, vous décidez quoi " à laquelle j’ai répondu un très élégant " je ne décide rien, je ne sais pas " il m’a refermé toutes les boites sur le nez et a répondu à mon au revoir par un regard culpabilisateur du genre " mon chiffre d’affaire va encore baissé ". Après, on se plaint de la chute des ventes, mais des comportements de ce genre vous donne envie de commander à un robot sur Internet.
Dernière étape, après avoir abandonné toutes idées d’achat de chaussures, faut dire que quand on est comme moi super complexée par ses pieds, qui n’ont plus vu le début du commencement d’un nu pieds depuis l’âge de 10 ans, on a du mal à se chausser l’été ! Opération " se trouver des dessous " qui font d’un coup remonter l’estime que l’on a de soi. Et puis, c’est mécanique, un joli soutien-gorge vous donne quasiment l’impression d’être belle, j’ai dit presque parce que le problème avec ce genre de vêtements, c’est que fatalement, vos yeux glissent sur le reste de la silhouette et finisse immanquablement par croiser les bourrelets qui depuis l’arrêt de la piscine pour cause de découverte estivale, ont repris leurs aises.
Je rentre dans la boutique ad hoc pour choisir ce genre de frivolités. Les uns plus beaux que les autres, des prix somme toutes raisonnables. Je fouille pour trouver le bon, tente de gagner du temps en demandant à la vendeuse si j’avais une chance de trouver ma taille dans ce bac, et là, le poignard s’enfonce entre mes deux épaules : " pour les 90 D , c’est là bas, uniquement sur le portant ". Ah, oui, je vois le genre coincé entre les gaines et les 100 E, le portant m’attend avec des modèles que ma grand-mère n’aurait pas renié. La joie se lisait alors sur mon visage.
Heureusement un petit repas chez les Chonchons avec le poisson rouge et un cappuccino pour finir m’ont réconcilié avec la civilisation.
Posted by Picasa

1 Comments:

Anonymous Anonyme said...

Il est possible que je ne sache pas conduire (peut-être est-ce dû aux nageoires ?)... mais si monter en voiture avec moi relève de la folie des temps modernes, envisager de parcourir ne fût-ce qu'1 km, avec vous au volant chère Clothilde, est pure inconscience !!! Et d'abord, on va plus vite à pied !!!
Le poisson rouge (ah mais !)

10:12 AM  

Enregistrer un commentaire

<< Home