jeudi, août 18, 2005

Jour de matricide

Depuis hier, la Bestiole tient absolument à me pousser dans la tombe. Non que son Œdipe continue de croître au gré de ses apprentissages de la vie. N’est-ce pas elle qui un jour a déclaré à son père la bouche en cœur : « ce serait bien que Maman ne revienne pas ce soir à la maison, on serait tranquille tous les deux ». Depuis, je tiens absolument à ce qu’elle passe devant dans l’escalier, on n’est jamais trop prudent même avec sa propre descendance.
Or, voilà-t-il pas que depuis hier, elle me fait des cadeaux. Je trouve cela plutôt aimable, faut dire que je suis en opération « sevrage intensif de télévision ». Tout aussi intensif que leur ancienne consommation. La télévision est pour la Bestiole, le Poulet étant nettement plus détaché des choses terrestres, le centre de sa vie. Si on l’écoutait, ce serait du matin au soir sans interruption. Donc, profitant des vacances, j’ai mis au point un plan anti-télé, ce qui signifie, faut être super honnête, beaucoup plus de sollicitations pour les parents. Parce que « je sais pas quoi faire » devient une rengaine permanente, il faut donc trouver des dérivatifs. Ce qui est tout de même merveilleux, c’est qu’au bout de quelques jours, 1) ils la demandent moins 2) ils trouvent tous seuls des choses à faire. Comme quoi, tout est possible.
Revenons en à nos cadeaux. Hier, elle m’offre une boite avec des vieux restes d’un de ces biberons, prêtés dorénavant pour nourrir sa poupée, et me dit « tiens, ce sera pour tes enfants quand tu seras mamie ». J’accuse un peu le coup mais pense en bonne pragmatique que la remarque tient davantage du langage approximatif de l’enfant que de l’amère constatation. Mais ce matin, récidive, elle m’offre une robe de sa poupée en n’omettant pas d’ajouter « ce sera pour quand tu seras mamie pour habiller tes petits enfants quand ils viendront te voir ». A l’heure où je me verrais bien à la tête d’une famille de trois moutards, me voilà reléguée au rayon des antiquités, aux cotés de ma mère (soit) et de ma belle-mère (sic). Comme quoi, la vie est vraiment une vacherie.

1 Comments:

Blogger Filambulle said...

Charmant!
Et Bouygues?

9:41 PM  

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