dimanche, septembre 25, 2005

Fée-du-logis

Je reviens après un épisode gastro-entérologique qui fait ressembler ma dignité à une piste d’atterrissage après le passage du gros porteur d’Airbus : anéantie, massacrée, prodigieusement amoindrie. Il faut dire que c’est le genre de maladie que l’on ne souhaite guère à personne. J’en ai retiré tout de même trois jours de congés à la maison avec mon petit Poulet qui lui aussi a été malade. Et oui, je sentais bien qu’avec deux mâles à la maison, il allait bien falloir qu’un des deux se dévoue pour être plus malade que moi. Ils ont dû comploter, parlementer et c’est Poulet qui a remporté le morceau au grand dam de son père, qui n’a pu que s’incliner. Nous avons donc gardé la maison à grand renfort de câlins, je dois dire que j’ai pu étudier en long, en large et même en travers tout ce que la télévision peut proposer de dessins animés et à mon grand étonnement, je me suis prise au jeu. Je vous assure que pour certains le scénario est plus épais que celui d’Urgences, c’est dire.
Jeudi après midi, nous avons eu la venue de Fée-du-logis. Je la présente, c’est notre femme de ménage qui officie à la maison trois heures par semaine depuis plus de 4 ans. Pour tout dire, c’est le chef et moi je suis tout juste bonne à prendre régulièrement des remontées de bretelles sur, en vrac, mon rangement (et oui, elle change les choses de place au gré de ses humeurs et faut croire la dame est versatile), mes achats de produits ménagers (exit le dernier cri des supermarchés, elle ne veut que du pur, du solide : savon noir, Vigor). Un jour, elle m’a expliqué comment on nettoyait les siphons avec, je vous le donne en mille : une brosse à dents. J’ai eu ce jour-là très peur car en trois heures, elle avait à peine fini la salle de bains. Ne pensant pas être de la race des petits cochons, je me suis beaucoup inquiétée pour la suite. Heureusement, les choses sont rentrées dans l’ordre. Pour la petite histoire, j’ai passé un an à faire le ménage avant qu’elle n’arrive pour éviter les réflexions. Heureusement, il m’arrive d’avoir des prises de conscience quant à l’absurdité de certains de mes comportements, c’est parfois salutaire !!
Donc, jeudi, elle arrive, j’évite de lui parler de ma maladie pour éviter les cris de baleine dont elle nous gratifie dès qu’elle voit poindre le moindre virus « ah, non, ze veut pas ssa ». Oui, pour pimenter (comme si elle en avait besoin) sa personnalité, elle zozotte. Je lui précise que poulet est à l’étage et qu’il dort car il est malade. Zut, j’aurais mieux fait de me taire. Elle me regarde avec un air effrayant en me demandant tout un tas de renseignements sur la cause de ses maux. De deux choses l’une, soit elle veut prétexter une mise en quarantaine pour partir, soit elle a un truc derrière la tête et c’est pire. Lorsque Poulet descend de la sieste, je la vois lui tourner autour, l’inquiétude monte en moi, ça y est, elle va nous assassiner. Non pas les deux, pitié ! Je vais faire la Une de la Dépêche et de Détective « Victime de sa femme du ménage, une mère de famille assassinée sous les yeux de son fils ». Je pense que je vais reprendre un Doliprane.
« Vous voulez pas que je le soulage ? ». Un peu bête, je fais répéter la phrase énigmatique, aurait-elle fait des études de médecine dans une vie antérieure. J’ose à peine ânonner « qu’est ce que vous voulez dire ? ». Et là, contre toute attente, elle m’annonce sous le sceau de la confidence qu’elle a le don de guérir les rhumes et autres affections broncho machin. Donc, Fée-du-logis est un marabout, manquait plus que cela.
Pourquoi ai-je dit un truc aussi idiot que « si vous voulez, de toute manière, ça peut pas lui faire de mal » car 1) j’ai pas envie qu’elle m’envoûte la maison 2) j’ai eu peur qu'elle parte, vexée 3) je suis FAIBLE. Conclusion, le poulet est resté stoïque avec deux mains qui lui passaient devant les yeux, elle a détecté une sinusite (et dire que j’ai payé 20 € pour aller chez le docteur) et elle a eu les doigts qui picotent « ça c’est bon, le mal est en train de sortir ». Les moutons peuvent dormir tranquille sous les meubles. On n’arrête pas le progrès à moins que ce ne soit l’inverse !

4 Comments:

Blogger Jean said...

J'admire vraiment ce que tu écris .

Aujourd'hui ,ce qui me frappe ,au delà de tes facultés d'écriture ,c'est ta sincérité allant même jusqu'à une forme d'humilité :tu ne te protèges pas du tout ;tu te montres naturelle ,comme pratiquement personne n'oserait (moi le premier ) .

Pour répondre à ton conseil ,je vois la petite poubelle dont tu parles sur d'autres blogs mais je ne la vois pas sur le mien.L'ai-je mal configuré?

3:46 PM  
Blogger La Grenouille said...

et alors, ça marche ?

5:51 AM  
Blogger La Grenouille said...

et alors, ça marche ?

5:51 AM  
Blogger Maison des Jeunes et de la Culture said...

Le lendemain il avait 40, le mal est vraiment très malin !!

6:46 AM  

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