mercredi, septembre 07, 2005

Un jour à retenir

C’est fait, je me suis transformée, c’est une bonne chose que je n’aurais plus à faire. Je suis ce matin à 7h 12 très précisément devenue un monstre. Un vrai dans le genre gros monstre haïssable.
Je remets dans le contexte. Je me lève en ce moment tôt, n’ayant pas d’enfant à charge puisque le père est toujours en congés maladie pour cause de pieds bandés (rien à voir avec le supplice chinois) ni mari à traîner hors du lit (même cause même effets). La carotte est de parvenir à déjeuner au café en ville avant d’arriver à la firme, c’est une gageure, car Toulouse est une véritable pétaudière urbanistique, on sait donc quand on part de chez soi mais l’heure d’arrivée relève de la grande loterie.
7h08, je me cale dans la voiture, je mets le contact, et là, cette imbécile de voiture se met à tousser. Je commence à me dire que cette idée d’huile est finalement une vaste fumisterie, qu’il fallait bien que cela arrive. Sauf que j’oublie un détail, je n’ai pas d’huile en ce moment, vu que Charlemagne n’est pas allé s’approvisionner chez son maquignon d’agriculteur. Mais, quand même dans un cas comme celui-là, il faut un coupable. Après quatre tentatives pour faire démarrer le moteur, la transformation se produit, sans prévenir.
Je monte à l’étage, secoues Charlemagne, disons sèchement, il faut bien en toutes circonstances trouver sinon un coupable, du moins un bouc émissaire. Le type ouvre un œil, je lui reproche donc en vrac, tout ce que j’ai sur le cœur depuis quelques jours : la barbe trop longue, les couchés trop tardifs qui lui donne une tête d'huître à l’ouverture de la coquille, la vaisselle dans l’évier le soir quand je rentre. Je pense qu’à ce moment là, il a certainement craint que l’éructation de ma haine ne se termine en une bonne dizaine de coups de couteaux. Il n’en menait pas large. J’ai fini par expliquer que la voiture ne démarrait pas et que vraiment ça m’ENERVAIT.
Penaud et craintif, il est descendu voir et n’a pu que poser un diagnostic sans appel " c’est la batterie ". Manquait plus que cela ! ! Et comment je fais moi, parce que là, 1) je sens l’odeur du croissant rancir, 2) je suis à la limite de la crise de nerfs intersidérale. " Prends l’autre voiture ". Je sens en moi le monstre devenir énorme, je ne supporte pas cette bagnole, c’est une Espace, elle est énorme, j’ai toujours peur de l’accrocher dans les rues. Non, ce n'est pas possible, pas à moi. Je me résous faute d’autre solution. Je cherche les clés, en remet une couche à Charlemagne et je finis par allumer le moteur. Ce n’est pas possible, il n’y a plus de carburant, je ne dis pas de diesel, vu le joyeux mélange entre gasoil et huile. Dieu est contre moi, c’est sûr, c’est certain. Il faut en plus que je fasse le plein.
Je finis à 7h30 sur l’autoroute, pour rajouter à ma bonne humeur, je suis coincée derrière un camion pour cause de peur panique de doubler (certains veulent m’envoyer chez le psy d’autres dans un centre d’apprentissage de la conduite en situation difficile, finalement je vais prendre les deux avec en plus un rail de cocaïne). Evidemment, c’est le moment que le poisson rouge aux grands pieds choisit pour me doubler avec un bien humiliant coup de klaxon. Oui, je suis un monstre, doublée d’une inadaptée de la route.
Finalement, je parviens à doubler, à manger un croissant et à arriver à l’heure. Et là, je suis comme hier vissée sur mon siège attendant le coup de fil de Big Boss, du coup, je ne vais pas faire pipi de la journée de peur de le rater. Conclusion : lorsqu'il va appeler avec la chance que j’ai, je vais lui faire une énurésie diurne dans le bureau !