lundi, janvier 02, 2006

Cachez cette soupe que je ne saurais voir

A midi, un peu seule et l’âme en peine dans la très grande ville vidée de ses fastes de fin d’année, je me disais que les prochaines vacances sont bien loin et les raisons de s’enthousiasmer bien maigres. Hormis peut-être le plaisir un peu vicieux d’avoir claqué la bise à la Mouette ce matin, accompagnée d’un bien faux-cul "et que l’année vous soit douce ", ce qui m’a valu en retour un regard certes bovin mais aussi très interrogatif assorti d’un " t’as pas de scoop ? ". Elle craignait peut-être que ma bise ne soit que le baiser d’un judas qui en savait plus qu’elle sur son avenir professionnel. Hélas, je n’ai pu que répondre que la période était morne et mon rôle de Claire Chazal du service réduit à peu de choses.Donc, je suis allée me sustenter à la cafétéria du coin, ma petite briocherie étant fermée pour cause de vacances scolaires. Et après les moultes agapes (dont un repas de réveillon qui frôla le grand n’importe quoi , et oui, Clo peut aussi être médiocre), j’avais envie d’en revenir à des fondamentaux gastro-salvateurs. Tiens pourquoi pas une petite soupe de légumes ? Si fait. Et là, m’est alors apparu l’incongruité de la situation : manger une soupe en public. Tout en portant rituellement la cueillere à la bouche, je me demandais la raison de ce malaise existentiel à l’heure où l’on veut nous faire avaler de la soupe sous toutes les formes, il paraît même que c’est " tendance ".Depuis des lustres, j’ai une ligne de conduite à laquelle je ne déroge que si grand manitou me met le couteau sous la gorge comme cela a pu m’arriver une ou deux fois dans le passé. Je refuse catégoriquement ce que l’on appelle les déjeuners de travail. A mes débuts, c’était la marotte de la Mouette, elle tenait conférence à la cafétéria. Cela a d’ailleurs été le début de ma fin, ne voulant pas céder à ces pratiques, je fus mise derechef au ban de la direction pour " tentative autonomiste et refus de s’intégrer au groupe ". Oui, et bien moi, je suis désolée, je ne fais pas caca devant tout le monde, je ne me brosse pas les dents en public et donc, je ne mange qu’avec des amis, des intimes et je ne travaille pas en mangeant. C’est très, très mal vu, on conjecture immédiatement sur votre propension à manger la bouche ouverte, à postillonner sur le voisin ou à se curer la dent creuse dans une réaction monomaniaque. Mais non, c’est juste un principe, que d’aucuns jugeront à la con, mais qui pour moi, est le résultat de la préservation de mon espace intime.Revenons-en à la soupe alors. En fait, la soupe c’est le symbole même de l’intimité, car c’est l’aliment du repos, de la maladie ou de la convalescence, de la petite enfance et de la vieillesse, c’est le mets des jours sans, du retour sur soi… Et cela, a-t-on envie de le partager avec des inconnus ?

7 Comments:

Blogger Maison des Jeunes et de la Culture said...

Mais non, j'adore les soupes, quand à celle à l'ail, c'était le menu du souper du 1er de l'an chez ma tante. Je dois dire que j'en ai une sainte horreur mais le souvenir me plait... pas le gout. Et mon pire cauchemar est la soupe à l'oignon avec le pain trempé. Grrr, rien que d'en parler.

2:09 PM  
Anonymous Anonyme said...

Viriato et Miss Pomate ont trouvé les agapes du First of the year....very... mais very goooood!
Qu'on se le dise , là haut, sur la colline nous reviendrons et vive l'amitié, sous toutes ses formes !!!
FELIZ AÑO NUEVO

5:46 PM  
Anonymous Anonyme said...

Qu'elle était douce ta bise chère Clo! Vivement l'année prochaine !

7:22 PM  
Blogger Maison des Jeunes et de la Culture said...

usurpatrice, la Mouette n'a pas d'humour et encore moins d'imagination !!

7:58 PM  
Anonymous Anonyme said...

Aargh !!!
me voici démasquée !!!

9:27 PM  
Blogger Filambulle said...

Bonne Année chère Clothilde.
Merci pour les sourires de 2005!
:)

11:05 PM  
Blogger Jean said...

Je comprends bien ton point de vue .
Je ne suis pas aussi réservé sur le fait de manger en public bien que je n'y tienne pas trop , mais en permanance ,en groupe , je suis partagé entre le besoin d'être ouvert aux autres et celui primordial de préserver ma "bulle" , ma pensée intime , mon espace intime .

Je n'aurais pas aimé non plus les repas de travail présidés par un "supérieur " . C'est une façon de manoeuvrer les esprits en faisant semblant d'être proche , décontracté ,convivial.

10:41 AM  

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