Pause Café
Je suis assise sur mon lit, l’air idiot, une haleine de poney au réveil et je m’interroge. A un tel niveau d’indécision, je frise le ridicule, et finalement il est 6h48, plus de question à se poser. Je me lève, un point c’est tout. Et il était presque temps !
Arrivée au travail, je trouve l’atmosphère un peu pesante, la saucisse ne dit pas un mot alors que d’ordinaire, il est plutôt loquace, voire super pénible, faisant systématiquement un exposé sur les huttes hittites dont Arte a parlé la veille. Et je peux vous dire que quand vous n’avez pas vu le début du commencement d’une tasse de café, c’est carrément super violent comme entrée en matière. Donc, un truc me paraît bizarre, il fixe son ordinateur. Moi, plutôt d’humeur marrante, je me prends à culpabiliser de mon manque d’entrain au travail et de mon envie criante de papoter avec les dindes qui me servent de collègues. Bon, au bout de 15 minutes, je rejoins mon bureau et la saucisse n’a pas bougé d’un millimètre et fixe un écran vide.
Là, les choses se corsent carrément, je sens le malaise, mais comment éviter la gaffe ? La santé de son paternel étant chancelante, évitons les entrées en matière du genre " tes parents vont bien ? " parce qu’avec le bol que j’ai, il va bien me répondre " Non, mon père est au plus mal ".
Donc, jouons-le finaud, enfin, c’est un qualificatif qui ne me convient guère, je le dis pour ceux qui le penseraient tout bas dans mon dos. J’ose enfin, pour crever l’abcès, un " et bien, tu as l’air studieux aujourd’hui ". Ce qui en langage décodé signifie que l’absence de conférence multiculturelle certes ne me manque guère mais m’étonne cependant. Et là, l’inimaginable se produit et me laisse dans un total état de stupeur " je ne ferais plus de covoiturage avec vous (soit dit en passant j’en connais un que ça va réjouir), Claire me quitte" " Oh, putain, on n'est pas dans la merde, évidemment, s’en sont suivies des effusions liquides dont je n’aurais jamais imaginé l’existence chez un dadais de cette taille.
Et bien, ça a beau être la saucisse avec ses travers, sa flemmardise, je ne peux que compatir à ce qui lui arrive. Les femmes sont vraiment toutes des connes. Enfin, moi, toujours est-t-il que je vais passer ma journée à faire ma Véronique Jeannot, à dire des platitudes pour tenter de sauver la saucisse de la noyade.