Anne vient d’inventer le blog à durée déterminée. Elle quitte de manière active dirons-nous le monde merveilleux des blogs.
Mais justement est-ce vraiment un monde merveilleux ? Je me suis souvent posée la question de ce que représentait un blog, j’y ai répondu à plusieurs reprises, non sans me contredire d’ailleurs. Mais, c’est un fait acquis, il est dorénavant une partie intégrante de ma vie, il est aussi un élément qui demande à être maîtrisé au risque de lui faire jouer un rôle qui pourrait s’avérer, très vite, dangereux.
Je l’ai évalué ce week-end. J’avais mis un post sur mes déboires avec Fée du logis. Alors qu’on ne peut pas me taxer de mépris envers une profession qui est ingrate, souvent dévalorisée, ce post est devenu un sujet de polémique avec des commentaires qui ont pu être mal ressentis. Se pose alors la question de la fameuse distance. Quoi que l’on dise, selon la lecture qui peut en être faite, l’image renvoyée peut être foncièrement différente de la réalité. Les mots échappent à leurs auteurs, le fond perd du sens ou est détourné. Et je ne me vois pas passer ma journée à démentir ! Donc, en despote éclairé, il arrive que je me censure et par-là même certains commentaires. Mais c’est une règle, je ne supprime pas un commentaire en particulier mais l’ensemble : le message et le(s) commentaire(s), puisque l’un induit l’autre. Je déteste l’incompréhension mutuelle.
A ce sujet-là,
Aji, qui ne cache pas ses attachements religieux, a précisé quelque chose qui me semble fondamental (un jour qu’elle mettait un billet potentiellement polémique justement sur la religion) : « le blog est à la personne qui l’écrit, si cela vous déplait passer votre chemin ». Elle a foncièrement raison. Un blog est fait pour partager des choses, mais son auteure en endosse seule la responsabilité. Je m’explique en évitant de fâcher la moitié de la création ! Un blog n’est pas un forum ou un tribunal, il est un peu comme un éditorial dans un journal. On le lit si ça nous plait, éventuellement on envoie un courrier des lecteurs (le commentaire), mais on ne cherche pas à infléchir l’auteur. Si un éditorialiste ne vous plait pas, vous n’achetez plus le journal, non ? Je ne suis pas en train de dire que les commentaires ne sont pas souhaités (au contraire, car il témoigne de la vie du blog), mais je pense simplement que l’auteur conserve son libre arbitre sur le fond.
Et plus encore, le blog appelle une liberté dans le choix de ce qui peut être dit ou pas.
Telle nous en a donné un exemple aujourd’hui, elle pose des mots, un inventaire de la vie. Elle ne veut pas en dire plus, et bien soit, c’est son droit mais c’est aussi pour nous une ouverture sur notre propre méditation sur la vie qui vient, qui part, qui flotte, qui rate. Dans la vraie vie, il n’y a rien de choquant à cela : on a des connaissances, des copines et des amies, chacun a son niveau d’information et tout le monde s’en satisfait.
Autre chose, j’ai été tentée de céder à l’ivresse du blog, oui il s’agit bien de cela. On a envie dans un élan, une pulsion de faire un mot facile, parfois méchant, de partager quelque chose de très intime pour rechercher une proximité, pour se sécuriser, pour se faire « apprécier ». Mais je pense que c’est dangereux, il faut se préserver, il ne faut pas tout attendre du blog, il faut aussi garder des espaces pour soi, pour des « entre-sois » plus étroits.
Et je finirais ce billet totalement inintéressant par une remarque suite à ce que j’ai lu un jour sur le forum des
Lilootes. Une jeune femme au début de la mode des blogs… un an déjà, a dit son désenchantement de voir tous ces blogs superbes avec des intérieurs de maison magnifiques, des enfants beaux et bien habillés, des créations aux fournitures coûteuses. Et elle a fait part de sa peine un peu comme devant une chose inaccessible. Ses propos m’ont beaucoup touché. Et je me suis alors posée la question de la décence, de l’effet vitrine qui peut gêner. C’est pour cela que parfois de manière crue pour certains, je dis ce qui fait aussi la vraie vie : les affres de l’ego, les interrogations politiques, l’éducation des enfants qui n’est pas une sinécure, les engueulades avec son mari. Parce que la vie, ce n’est pas disneyland tous les jours, parce qu’il y a aussi des malheurs et des heurts, le temps qui file entre les doigts. Et pour moi, dans un souci de réalisme, les blogs sont aussi parfois le reflet de cela.